Extrait de varmatin.com : "Brignoles. La Provence verte selon Michaël Latz"

Publié le par Martine Aubry 83

Merci à http://www.varmatin.com/ de publier des articles de fond comme celui ci, en effet, il permet à Michaël Latz de faire connaître à l'ensemble des habitants de la Provence Verte son point de vue sur le SCOT, le logement social, les terres agricoles ... sujets qui concernent vraiment la vie des brignolais et des habitants des villages voisins.
 
 
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Où en est-on de ce fameux schéma de cohérence territoriale (Scot) de Provence verte ?

La phase de diagnostic permettant l'élaboration du document est achevée. Le Scot résulte ainsi de l'implication des élus des communes du territoire. Ils sont les plus à même de connaître les besoins sur le terrain. Les commissions, en charge des différents volets, fournissent un travail indispensable à l'élaboration du Scot. Pour que certains choix politiques forts soient assumés et acceptés par tous. C'est notre avenir que nous jouons avec ce document d'urbanisme qui tracera les grandes lignes du développement du territoire sur la prochaine décennie. L'enjeu est de taille !

En 2008, le projet d'aménagement et de développement durable (PADD) a été voté à la quasi-unanimité. Existe-t-il aujourd'hui des points de divergence entre les élus ?

J'ai été surpris d'apprendre que le conseil général avait pris l'initiative d'organiser, le mois dernier, une réunion en présence des maires de la majorité, au sujet des objectifs du Scot en matière de logement social. Le CG doit bien sûr avoir son rôle d'accompagnateur et d'interlocuteur privilégié pour l'élaboration du Scot, mais il s'agit là presque d'une ingérence. Ou, tout du moins, d'une atteinte au pacte républicain et aux structures de la Provence verte. Le rôle du Département n'est pas de réaliser le schéma d'une autre collectivité ! Je déplorerais fortement que soit créée une sorte de cabinet noir. Il ne doit pas y avoir d'élus de première et d'autres de seconde zone... Nous devons, au contraire, travailler tous ensemble et dans la plus grande clarté.

Quels sont concrètement les désaccords concernant le logement social ?

C'est là que le bât blesse ! L'objectif de la mise sur le marché de 450 logements sociaux par an inscrit au PADD n'a pas, à l'époque, soulevé d'opposition. On se rend compte, aujourd'hui, que cet objectif est inatteignable. Il faudrait en construire dix fois plus qu'actuellement pour parvenir au 12 % de logements sociaux d'ici cinq ans. Lors de la dernière réunion avec les maires de Provence verte, en septembre, j'ai bien précisé qu'il était urgent d'accroître l'offre de logement social, de façon cohérente, surtout en fonction des territoires (HLM, logements pour actifs...), notamment sur les grands bassins d'emploi. Afin de répondre à la demande de main-d'oeuvre et de faire diminuer le prix moyen du logement locatif dans le parc privé. On ne peut, en aucun cas, imaginer contraindre toutes les communes à s'aligner aveuglément sur cet objectif !

 

Autre thème d'actualité brûlante, les frontières d'une future communauté d'agglomération. Comment la concevez-vous ?

À l'image de la Provence verte ! Toutes ses communes partagent des spécificités et une identité propre. La ruralité, le cadre de vie, l'agriculture, la forêt... Il faut savoir se regrouper très fortement pour défendre cette réserve de qualité et d'espace entourée de grandes agglomérations. La Provence verte est un peu un "Interland" à protéger...

 

Quels en seraient, dès lors, les contours ?

Ceux d'une Provence verte élargie où des villes, comme Le Luc, auraient toute leur place. Je comprends l'attrait de certaines communes, notamment à l'ouest et au sud, de se tourner vers les grandes agglomérations existantes. Mais je pense qu'il n'en va pas de leur intérêt car ces villes se retrouveraient noyées dans d'immenses et peuplées communautés. Et ne pèseraient, du coup, pas bien lourd dans les décisions. À l'inverse, les intégrer dans une communauté d'agglomération de Provence verte mettrait tout le monde sur un pied d'égalité. Avec, certes, deux ou trois villes centre (Saint-Maximin et Brignoles, voire Le Luc - Le Cannet) pour structurer l'agglomération, mais pas suffisamment grandes pour écraser les autres communes.

 

Un territoire, mais quelle finalité ?

Si la Provence verte partage une identité commune, elle souffre également de problèmes communs. Le transport, la santé publique, le logement social, l'eau, l'agriculture... Il faut, pour cela, une structure suffisamment importante et pourvue de moyens pour remédier à ces différentes contraintes. Le train en centre Var, la préservation d'un hôpital intercommunal de proximité (Brignoles), il y a des réponses urgentes à apporter aux gens. Un véritable projet politique fondé sur cette identité partagée permettrait des économies d'échelle substantielles pour améliorer les structures existantes ou défaillantes.

 

Vous évoquiez les particularismes locaux. Quid de la préservation des terres agricoles ?

C'est aujourd'hui un enjeu majeur pour le territoire. Un tiers des terres agricoles a été perdu au profit de l'urbanisation. Un autre tiers revenu à la forêt... Désormais, toute terre fertile classée devra le rester. Seul l'intérêt général pourrait y déroger. Il faut également stimuler l'extension des exploitations et encourager l'installation de jeunes agriculteurs. Nous devons rester inflexibles sur ce point : on ne touche plus à un cm2 de terre agricole ! Lorsqu'il existe une véritable volonté politique, les choses se font d'elles-mêmes. L'exemple de Tourves est révélateur. Près d'une demi-douzaine de nouveaux exploitants se sont installés ces dernières années, grâce à l'action communale.

 

D'autant plus que production locale peut rimer avec filières courtes et développement durable.

Évidement. Les collectivités ont ainsi un rôle majeur à jouer. En mettant, par exemple au menu des cantines, des produits du terroir directement achetés auprès de producteurs locaux. Les produits traditionnels, comme la prune de Brignoles, le coing de Cotignac, le pois chiche de Rougiers, doivent également retrouver leur place. Un technicien de la Provence verte planche actuellement sur la façon de réintroduire ces cultures ancestrales. Il en va aussi de l'identité même du territoire. Le bio doit également tenir une place de choix dans la préservation et le développement de l'agriculture.

 

Un département ensoleillé, une réserve d'espace... Les énergies solaire ou éolienne n'y auraient-elles pas davantage leur place ?

Durant un temps, les projets de fermes photovoltaïques et parcs éoliens ont fleuri de toute part. Pour le meilleur comme pour le pire. Produire de l'énergie propre au détriment de l'environnement (atteinte visuelle, empiétement sur les terres agricoles...) n'a pas grand sens. Je ne suis pas contre un moratoire sur le sujet. Et je propose d'inscrire dans le Scot les seules zones susceptibles d'accueillir pareilles installations. À savoir sur d'anciennes friches industrielles ou de la forêt stérile. Mais surtout sur les toits des bâtiments publics ou industriels. À titre d'exemple, recouvrir toutes les toitures de Nicopolis de panneaux solaires permettrait d'alimenter 12 % de la consommation du territoire ! C'est un véritable enjeu... Ce schéma serait opposable aux tiers et les choses seraient ainsi dûment définies.

 

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Il est à retenir de cet article plusieurs principes qui devraient être repris par l'ensemble de nos élus varois, à savoir :

- SCOT et PADD : "travailler tous ensemble et dans la plus grande clarté" ;

- Logements sociaux : " ...était urgent d'accroître l'offre de logement social, de façon cohérente, .. " sans "... contraindre toutes les communes à s'aligner aveuglément sur cet objectif ! ".

- Un territoire : " véritable projet politique .../... permettrait des économies d'échelle substantielles pour améliorer les structures existantes ou défaillantes".

Préservation des terres agricoles ; filières courtes : " toute terre fertile classée devra le rester. Seul l'intérêt général pourrait y déroger " " ... Tourves .... Près d'une demi-douzaine de nouveaux exploitants se sont installés ces dernières années, grâce à l'action communale". "... au menu des cantines, des produits du terroir directement achetés auprès de producteurs locaux...".

- Energies : " ... Produire de l'énergie propre au détriment de l'environnement .../... n'a pas grand sens".

Publié dans Dans le Var

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