Martine Aubry : "Je pense que je vais gagner" - Des extraits de l'article des "Inrocks".

Publié le par Martine Aubry 83

  

 

 Martine Aubry en août 2011 (Un ephoto de Stéphane Mahé/Reuters)

Les Inrocks publient mercredi une interview de la candidate à la primaire PS. Quelques extraits de l'entretien, où elle affirme notamment sa détermination à écarter François Hollande.

Les Inrocks : Avez-vous aujourd’hui davantage d’assurances sur la participation à la primaire ?

Martine Aubry – Il y a à l’évidence une très nette amélioration sur la connaissance de la primaire. Les Français savent maintenant que les socialistes leur font confiance pour le choix de la personnalité qui sera candidate à l’élection présidentielle. Maintenant, les modalités et les dates ne sont pas encore, me semble-t-il, largement connues.

Et donc vous êtes optimiste sur la participation ?

On sent une grande attente. Les gens posent des questions, pas seulement sur l’organisation mais sur le fond, et manifestent leur intérêt. Peut-être aussi parce que la crise est là et qu’elle est profonde. Ils se demandent si un autre chemin est possible, si la politique a encore un sens.

Pour la primaire, ce sont à votre avis des gens politisés qui vont venir voter, provenant des réseaux, des partis, ou allez-vous réussir à toucher un public plus large ?

C’est très difficile à dire. Il n’y a pas une personne sur dix que je rencontre qui ne me parle pas de la primaire, ce qui ne veut pas dire que ces mêmes personnes vont toutes aller voter. Avant l’été, c’était “Allez-y, on a confiance en vous, courage…”, etc. Maintenant, c’est “Dites-moi très clairement, il faut faire ceci, il faut faire cela, on est avec vous”.

Mais en 2007, Nicolas Sarkozy a gagné justement sur le “tout est possible”, sur le retour du politique, sur le volontarisme. N’avez-vous pas peur de reprendre la même recette, de promettre au-delà de ce que vous pouvez ?

Non. Je crois qu’il y a deux choses qui ne marcheront plus : le volontarisme résumé en une formule – la rupture – et quelques slogans comme “travailler plus pour gagner plus”, “la République irréprochable”… Les Français ne veulent plus de slogans dits avec force, le menton levé ; ils veulent de la cohérence, de l’explication. C’est la preuve d’une repolitisation…Vouloir être président de la République aujourd’hui, c’est bien sûr porter une politique pour la France, de sortie de crise, de l’après-crise, mais c’est aussi porter une ambition européenne.

Ce débat n’est-il pas un débat de campagne présidentielle plutôt qu’un débat de primaire entre socialistes ?

C’est le même débat parce qu’encore une fois, l’intérêt principal des Français, c’est l’assurance que l’on peut changer vraiment de politique. Bien sûr, après, dans la campagne présidentielle, il y aura un affrontement gauche-droite, mais si on ne leur démontre pas dès maintenant qu’un autre chemin est possible, pourquoi les Français viendraient-ils voter ? Pas seulement à la primaire mais aussi à la présidentielle. Je crois que la question qui se pose aux socialistes aujourd’hui n’est pas seulement comment gagner contre M. Sarkozy, mais quelle société on veut bâtir après. C’est cela le choix entre les candidats à la primaire, selon moi.

Pourquoi vous choisir par rapport à un autre candidat, François Hollande en l’occurrence, qui lui aussi met la jeunesse et l’éducation en tête de ses priorités ?

Nous ne disons pas la même chose, y compris sur l’éducation. François Hollande – et je suis d’ailleurs ravie qu’il ait changé d’avis puisqu’à trois reprises, il avait dit vouloir sanctuariser le budget de l’Education au niveau de 2012 – nous a dit qu’il voulait augmenter de 60 ou 70 000 le nombre d’enseignants. Moi je dis qu’il ne faut pas croire qu’on va refonder l’école uniquement en recréant des postes d’enseignants. Bien sûr, il faudra des enseignants en plus, et d’abord là où on en a le plus besoin. Mais il faudra aussi agir sur la formation des enseignants, le contenu pédagogique et les rythmes scolaires. J’ajoute une troisième priorité : libérer les enseignants des tâches qui ne sont pas les leurs en remettant des psychologues, des éducateurs.

Qu’est-ce qui peut nous garantir que vous arriverez à vous rassembler après la primaire ?

Le climat d’aujourd’hui est très différent de celui de la primaire de 2006. Nous avons voté un projet à l’unanimité, chacun a trouvé sa place dans ce travail. Il faut dire que j’y ai beaucoup travaillé. Et avant de quitter la tête du PS, j’ai fixé la date de la convention du 22 octobre, où nous serons tous là autour de notre candidate ou candidat. C’est un acte symbolique, essentiel.

Vous pensez que tout le monde jouera le jeu ?

Franchement, oui.

Vous vous engagez personnellement à jouer le jeu ?

Evidemment, sinon je n’aurais pas fait tout ce que j’ai fait pendant trois ans… Mais il y a jouer le jeu, donc être là, et puis faire une campagne sincère, active pour quelqu’un d’autre éventuellement. Ce sont deux choses différentes… Est-ce que vous pensez que pendant trois ans j’ai fait tout ce que j’ai fait, en pensant d’abord aux Français, pour dire “Si c’est pas moi, j’irai sous ma couette” ? Non ! Mais je vous rassure tout de suite, je pense que ce sera moi. Et je pense que personne ne pardonnerait à aucun d’entre nous un autre comportement que celui du rassemblement. Pour le coup, on est tous d’accord sur ce point.

Les sondages peuvent-ils avoir une influence sur la primaire ? Ça a joué en 2006…

Oui, mais cela a joué en 2006 parce qu’il n’y avait qu’une candidate qui était censée pouvoir battre Nicolas Sarkozy. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Mais il y en a un (François Hollande) qui est devant…

Les sondages montrent que je suis bien placée pour battre Sarkozy. La question qui se pose est : “pour quoi faire ?” Je suis extrêmement optimiste, je vous le dis franchement. Des femmes et des hommes issus de milieux très différents disent : avec elle, on sait où on va, on sait qu’elle va faire ce qu’elle dit. Et ce mouvement-là, je ne le sens pas ailleurs. C’est le résultat de l’expérience acquise dans les responsabilités associatives, syndicales et ministérielles que j’ai exercées. Les gens savent quelles sont mes convictions et que je ne lâcherai pas. C’est la raison pour laquelle je pense que je vais gagner la primaire.

Propos recueillis par Hélène Fontanaud, Marion Mourgue et Thomas Legrand

L'intégralité de l'interview à lire dans les Inrockuptibles du mercredi 21 septembre.
http://www.lesinrocks.com/

Publié dans PRIMAIRES

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